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Marguerite,
entre ses deux filles (derrière elle : son gendre)
C’est avec beaucoup de
gentillesse que Marguerite MANTRAN-CADILHAC, entourée de ses filles et de son gendre,
m’a accueillie dans sa maison de Poitiers et a bien voulu répondre à mes
questions. Cette centenaire impressionnante par sa forme physique (elle fait
facilement 20 ans de moins que son âge) évoque ses souvenirs avec animation.
Son récit est d’autant plus intéressant qu’il témoigne d’une époque où les
femmes étaient minoritaires dans le sport.
Par quels hasards
Marguerite est-elle venue au sport ?
Tout a commencé dans son
enfance à Rosny-sous-Bois, celle d’une petite-fille, dernière d’une fratrie de
6 enfants. Son père, employé des PTT, n’était pas un sportif. Il occupait ses
loisirs au jardinage et produisait des légumes dont il nourrissait sa nombreuse
famille. Pendant ce temps, Marguerite jouait, courait avec ses frères,
participait à leurs matchs de football, et à son grand regret, restait reléguée
au poste de gardien. Elle faisait, comme Monsieur Jourdain de la prose, du
sport sans le savoir.
A l’école primaire de
Rosny-sous-Bois, une heure de gym hebdomadaire, dans la cour ou dans le préau, lui
fit découvrir, avec envie, le métier de professeur de gym. « C’est ce que
je veux faire plus tard », pensa-t-elle. Après l’obtention du Certificat
d’Études Primaire, elle entre à l’École Supérieure Sophie Germain pour préparer
l’examen d’entrée à l’École Normale d’Instituteur. Là, nouvel encouragement,
celui d’une directrice, madame BUREAU, qui aimait le sport. Elle prépare ensuite,
à l’École Alsacienne et Lorraine de Paris, (rare établissement à s’intéresser
au sport), l’entrée à l’Institut d’Éducation Physique et Sportive. A cette
époque, Marguerite commence un petit entraînement dominical, sous la direction
d’un maître d’armes, Monsieur PANDARIES : beaucoup de courses en groupe et
quelques lancers de disque et de poids. Dans la semaine, agrès et 100 m avec
madame PITTET. Ses excellents résultats au disque et au poids lui valent des
sélections en Équipe de France. Après deux ans passés à l’Institut d’Éducation
Physique et Sportive, elle sort major de sa promotion et se retrouve en 1940
nommée à Poitiers où elle vit aujourd’hui.
C’est donc pendant ses études que Marguerite connaît les joies des compétitions internationales, trois sélections entre 1936 et 1937. Au gré des sélections tant fédérales qu’universitaires quelques anecdotes lui sont restées : les survêtements et les chaussures à pointes fournis par les Officiels, tenue qu’il fallait rendre après le match ; des Jeux Universitaires en 1936 stoppés net en gare d’Austerlitz pour cause de guerre civile espagnole. Un match France-Italie en Italie où tous les sportifs français arboraient un œillet rouge à la boutonnière, en protestation à la politique de Mussolini. Un match France-Angleterre à Blackpool où l’on allait en bateau. Quelques précieuses photos aussi.
L’athlétisme a beaucoup
compté pour Marguerite, elle est même persuadée qu’il lui a sauvé la vie
pendant l’été 1944. Son inspecteur avait demandé aux professeurs de gym
d’enseigner la natation à de futurs instituteurs et le groupe occupait un petit
bassin sur un plan d’eau de Saint-Laurent sur Sèvres (près de Niort). Arrivent
des Allemands qui veulent occuper les lieux, ce que refusent les professeurs
qui avaient des ordres. Les Allemands s’en vont et reviennent avec un camion où
tout le monde doit être embarqué. Or un des professeurs, Jacques MANTRAN, a la
surprise de voir le chef qui parlait français s’adresser à lui pour discuter.
Sujet de la discussion ? L’athlétisme. En effet, le chef allemand avait
remarqué Jacques MANTRAN et avait reconnu en lui le sauteur en hauteur du match
France-Allemagne à Munich quelques années plus tôt (1937). L’incident fut clos.
Après la guerre et la
naissance de sa fille Michèle, Marguerite MANTRAN, reprit l’athlétisme en
région parisienne où elle brilla en relais de club : championne de France
sur 4X100 et 4X200 avec l’AL Paris. Pas mal pour une lanceuse.
De retour à Poitiers avec son mari Jacques, Marguerite a encadré tous les entraînements d’athlétisme de l’ESPPEC, et ce, pendant de longues années, pour découvrir les joies du golf, une fois la retraite arrivée.
L’athlétisme français lui doit beaucoup car elle a su transmettre le goût de l’effort à ses nombreuses élèves. Citons parmi elles, Geneviève HEYMANS-LARRIVIERE championne de France, 15 sélections en Équipe de France au lancer du poids entre 1953 et 1958 et une « petite » pétrie de qualités, qui allait construire un palmarès impressionnant sur les haies, le sprint et le pentathlon, Denise GUÉNARD-LABORIE, 21 fois championne de France, 47 sélections en Équipe de France entre 1957 et 1968.
Monique
AUTHIER-BAULU
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L’Athlétisme
est un humanisme
Les qualités et principes
qui gouvernent
la vie des athlètes
s’appliquent à tous