Petite philosophie de la course à pied : Avec le souffle des pensées anciennes (25 avril 2014)
Courir. De ce sport, l'un des plus anciens de l'humanité,
et l'un des plus simples en apparence, l'auteur nous invite à une course
érudite dans le temps. Faisant le récit d'une course moderne, Jean Delord la
transforme en la considérant dans la foulée des pensées anciennes. La
philosophie devient notre coach. Au marathon, comme si vous y étiez : des
émotions enfouies, des mentalités inconnues, et un glossaire conceptuel autour
du stade d'athlétisme surgissent et ce texte nous fait réaliser toute la
puissance poétique et l'exigence de volonté morale que recèle la course à pied.
Extrait : « Ne
crains pas les vrais dieux du stade et leurs instincts de prédilection. Seuls
les hommes crédules ont besoin de stades artificiels, d’idoles. Ils ont peur
des athlètes perpétuels. Ils confondent Athlétisme et transe médiatique. Ils ne
savent plus ce que peut le corps. Qui connaît les tourments de l’athlète
s’habitue au silence, ressuscite la borne, retrace la voie des parallèles. Sa
mémoire lui renvoie le monde athlétique comme les vagues sans fin d’une marée
montante. Et plus ces vagues grossiront, plus elles fracasseront, bouillonnantes,
les artéfacts des stades mercantiles devenus des caravansérails. Qui réentend
les vocables vivants se prévaut de l’asile de la borne éternelle. Dans le stade
et hors de lui, il chante à l’unisson de la glèbe d’Aphrodite les jours
mémorables de l’Athlétisme. La condition de l’athlète est obscure. Mais
quelques-uns excellent à l’ombre des grands arbres. Ceux-là entendent parler
d’un pays pesant de l’autre côté du monde. Leurs louanges chantées détruisent
les stades de carton-pâte. Franchissez le seuil, dirigez-vous vers le tunnel
invisible et entrez pour veiller sur le sable de mes orteils. »
Jean Delord