|
||||
Camille Aurrière et Gabriel Bordier entourent leur entraîneur Gilbert Belin
- Photo : Jean-François Quinebêche -
Championnat de France de
marche
Gabriel Bordier en or, Camille Aurrière
en argent,
c'est aussi le succès de leur entraîneur Gilbert
Belin.
Gilbert Belin, 81 ans le mois prochain,
et une certaine philosophie de la marche et du sport en
général.
Portrait
Ouest-France - Laval - Publié le 08/02/2016
Il est arrivé d'un pas lent mais
assuré, les cheveux blancs virevoltant dans le vent soufflant en tempête, sur le
stade d'athlétisme de Saint-Berthevin.
Gilbert Belin, 81 ans le mois prochain,
avait donné rendez-vous là à ses deux marcheurs, Gabriel Bordier et Camille Aurrière,
au surlendemain de leurs exploits. Un titre de champion de France, attendu, sur
5 000 m pour l'un, une médaille d'argent, presque inespérée, sur 3 000 m pour l'autre.
Avant de partir pour un 10 km sur l'ancienne voie de chemin de fer, lui sur le vélo,
l'entraîneur a fendu l'armure et raconté ses plusieurs vies.
Ses élèves, « que je considère
comme mes petits-enfants » ont écouté, souri, et découvert quelques facettes
de ce drôle de personnage, au sens propre comme au figuré. Dans la voiture qui les
ramenait de Metz, dans la nuit de samedi à dimanche, « papy » Gilbert a enchaîné
les vannes, sa façon de partager sa joie. Quelques heures plus tôt, il avait tremblé
comme une feuille. Griffonné les temps de passage ébouriffants de Camille. S'était
nourri des regards inquiets des Lorrains vers son poulain. À l'arrivée, son bonheur
restait intérieur, mais sa fierté illimitée.
Pour fêter tout ça, il avait sorti...
le jus d'orange. Et évoqué de suite les échéances à venir. Des stages et des matches
avec le maillot bleu, des championnats de France sur 10 km route...
Directeur de magasin, couturier...
La marche et Gilbert Belin, c'est
une longue histoire. Dans les années 1960, c'est sous le maillot de Flers qu'il
empile les titres de champion de France, sur 20 et 50 km. Il détient même un temps
le record de France sur la plus longue distance.
« Je venais disputer le Grand Prix de
Saint-Berthevin, et celui de Laval, dans les rues de la ville. C'est là, en
1964, que j'ai rencontré Gérard Lelièvre (ex-champion du monde et recordman du
monde mayennais). Moi, j'étais senior, lui junior. On est resté amis, depuis, et
il m'aide à établir les plans d'entraînement de mes marcheurs, il apporte sa touche
technique. »
Sa carrière avançant, Gilbert Belin
a allongé la distance, pour finir sur Strasbourg - Paris (525 km). « J'étais
directeur de magasins de sport à l'époque, confie l'Ornais, qui possède une formation
de... couturier. Le soir; après avoir fermé le rideau, je partais m'entraîner,
une grande partie de la nuit. »
Encore quelques 100 bornes en guise
de pré-retraite sportive, avant de coacher quelques grands noms
de la marche athlétique : Alain Lemercier, avant lui Jean-Claude Decosse, qu'il
a accompagné aux mondiaux de Munich, en 1974. Le tout sans aucun diplôme. « Ce
n'est pas en passant un diplôme qu'on apprend la psychologie. Or l'entraînement,
c'est d'abord de la psychologie. Il faut avoir confiance en ses athlètes, et la
leur se gagne naturellement. Moi, je considère la marche comme un loisir avant
tout. Jamais je ne vais engueuler un marcheur après une contre-performance, mais
lui dire que ça ira mieux demain », C'est avec cette philosophie que Gilbert Belin
a posé ses valises à Saint-Berthevin, il y a huit ans, après avoir dirigé un...
camping en région parisienne.
« Derrière, j'ai des petits minimes qui arrivent »
Depuis trois saisons, il entraîne naturellement les marcheurs, chez les hommes verts, prenant la suite de Richard Delaunay. Il avait décelé rapidement le potentiel des Gabriel Bordier, Camille Aurrière, Madison Loriou. « Gabriel, c'est la facilité, une vitesse gestuelle phénoménale. Camille, ma chouette, un sacré tempérament. Et derrière, j'ai des petits minimes qui arrivent, il faut être patient. Si d'autres marcheurs veulent s'entraîner avec nous, c'est avec plaisir. Sans quitter leur club, hein, juste pour partager. Tant que je peux continuer... »
Arnaud BODIN
Camille Aurrière et Gabriel Bordier à l’entrainement,
sous les yeux de leur entraineur.
« Il est très jovial. On rigole bien ensemble »
Dans les gradins du stade de Saint-Berthevin, à
l'abri du vent, la vice- championne de France et le champion de France, tous deux
chez les juniors, ont accordé un peu de temps pour parler de leur coach avant une
séance d'entraînement.
« Complicité » c'est le premier
mot qui vient à l'esprit de Gabriel pour définir sa relation avec Gilbert Belin,
avec qui il s'entraîne depuis trois ans maintenant. « On se voit souvent depuis
longtemps donc on s'apprécie, c'est sûr, on fait quelques blagues, lui, surtout,
est très jovial. »
« J'ai des petits surnoms : Gigi ou papy Gilbert ! »
Le jeune homme, étudiant à l'université
d'Angers, s'entraîne avec son « père spirituel » comme il l'avait appelé
dans nos colonnes, seulement le week-end et les vacances. Mais il reste très lié
à Gilbert Belin. « Je l'appelle plusieurs fois par semaine. Je lui parle de
mes entraînements en solitaire, il me donne des conseils. »
Pour Camille, aussi, la notion de
complicité est évocatrice. « Je le vois régulièrement, je m'entraîne trois ou
quatre fois par semaine avec lui, il vient me chercher après les cours, à la sortie
du lycée Réaumur. On rigole bien ensemble. J'ai même des petits surnoms : Gigi ou
papy Gilbert ! »
Sur l'apport de leur entraîneur, ils
sont là aussi unanimes : l'expérience et la motivation de Gilbert Belin sont les
principales sources de progrès chez ses protégés. « Il a eu quand même une
belle carrière de marcheur et donc il sait de quoi il parle et il sait nous
motiver. C'est bien plus facile d'aller sur la piste quand il est là pour nous accueillir
que lorsque je me retrouve tout seul » raconte Gabriel Bordier, double champion
de France juniors qui s'envoie aujourd'hui pour un stage au Portugal avec l'équipe
nationale.
Et travailler avec Gilbert, c'est comment ? « Il ne nous surcharge pas à l'entrainement, cela dépend pour qui mais moi, il me stoppe un peu car j'ai tendance à en faire trop et Camille, c'est le contraire » répond Gabriel. « Je confirme », dit Camille en souriant.
Clément BESSOU DOUX
03/09 | > | ||
24/10 | > | ||
08/07 | > | ||
29/09 | > | ||
10/03 | > | ||
04/12 | > | ||
06/07 | > | ||
16/01 | > | ||
26/07 | > | ||
07/12 | > | ||
29/06 | > | ||
21/03 | > | ||
07/03 | > | ||
03/12 | > | ||
02/08 | > | ||
22/04 | > | ||
02/04 | > | ||
06/02 | > | ||
18/07 | > | ||
05/07 | > |
L’Athlétisme
est un humanisme
Les qualités et principes
qui gouvernent
la vie des athlètes
s’appliquent à tous