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Participer aux Jeux
Olympiques après seulement quelques mois de pratique intensive d'un sport n'est
pas banal. C'est pourtant ce qui est advenu à Alexandre Yankoff.
Il a alors 25 ans et ne pratique
sérieusement l'athlétisme que depuis peu de temps. Et, malgré une opération au
ménisque en janvier 1956, il va se retrouver embarqué dans l'aventure olympique
sur 400 haies en octobre à Melbourne.
Grand admirateur de Marcel Hansenne
(médaille de bronze du 800m à Londres en 1948), de Jules Ladoumègue (une
légende de l'athlétisme) et de Gaston Meyer (le "pape" de
l'athlétisme à l'Équipe), il a toujours eu une attirance pour l'athlétisme, et
c'est dans ce sport qu'il va s'épanouir.
Il va tour à tour s'essayer au saut en
hauteur (1m75 en ciseaux), au 400m et au 110m haies, avant de trouver sa voie sur
400m haies et cela presque par hasard. Il explique :
"Un mois de mai à Paris, au
cours d'une rencontre internationale, je devais participer au 110 m haies
et au 400 m plat. Quand cette dernière épreuve se présente, nous sommes 7 pour
6 couloirs et les organisateurs décident de ne faire qu'une course. Le
responsable de l'Équipe de France me demande alors de courir le 400 m haies.
J'accepte, et le lendemain de ma victoire en série, je chute en finale à la
dernière haie alors que j'étais en tête. C'est pour moi une révélation et je
décide de me consacrer dorénavant à cette épreuve."
Quelques stages et de nombreux entrainements
plus tard, voilà Alexandre Yankoff bien installé dans l'élite de la discipline.
Ses performances le qualifient donc pour les J.O. de Melbourne où il termine 4ème
de sa série. "Je n'ai pas eu de chance au tirage au sort en me
retrouvant avec l'ancien recordman du Monde, le Russe Litujev et le
Sud-Africain Potgieter, recordman du monde du 440 yards haies." regrette-t-il.
Il a bien sûr gardé de nombreux et
beaux souvenirs de son périple australien qu'il aime à raconter. Par exemple : "Courant dès le 2ème jour, je n'ai
pas participé à la cérémonie d'ouverture. Des tribunes, j'ai pris de nombreuses
photos dont celle du drapeau olympique chutant après le bris de sa corde. Il y
a très peu d'athlètes qui s'en sont aperçus."
Toujours sous les couleurs de l'AS
Rhodanienne, il sera champion de France du 400 haies à Colombes en 1958, 5 fois
finaliste en tout, 3 fois quatrième (à l'époque, seulement 6 finalistes).
Il continue donc sa carrière ailleurs, effectuant
une petite traversée du désert à cause de blessures récurrentes. Il va d'abord
à La Voulte (d'où il ne garde pas un très bon souvenir) pendant 2 ans. En 1960,
il se fait opérer d'un deuxième ménisque et il doit cette fois renoncer aux J.O.
de Rome. Il rejoint ensuite son ami Michel Macquet (ancien recordman de France
du lancer de javelot et emblématique capitaine de l'équipe nationale) à Mantes
la Jolie.
La saison suivante, il retrouve un autre
ami, Michel Jazy (une légende du sport mondial) au CA Montreuil. Il retrouve en
même temps ses jambes de vingt ans et la finale des championnats de France
1962. Mais c'est à l'ASU Lyon, qu'il intègre en 1963 qu'il va trouver le meilleur
contexte pour s'exprimer : “J'aurais dû partir à l'ASUL tout de suite en
quittant l'AS Rhodanienne." regrette-t-il aujourd'hui.
C'est là, dans un des meilleurs clubs
français, qu'à 32 ans, il se qualifiera pour sa cinquième finale nationale et
établira son record personnel en 52"6 (un véritable exploit au vu de ses 3
années de galère), avant de prendre sa retraite. C'est là aussi qu'il
rencontrera et conseillera un jeune hurdler plein d'avenir, Jean-Jacques Behm,
frère d'Alain, qui lui aussi participera à la fête Olympique, mais en 1964, à
Tokyo.
Membre du Groupement des Internationaux
Français, il aime à retrouver ceux qui l'ont accompagné tout au long de sa
carrière. Très sensible aux qualités humaines, il a su établir des liens
solides avec nombre d'entre eux. A 84 ans Alexandre Yankoff vit toujours à
Condrieu, la ville qui l'a accueilli lorsqu'il avait 7 ans, à son arrivée de
Serbie. Car ses parents sont originaires de l'ancienne Yougoslavie. Venus
travailler la terre en 1930 à Nevers, ils avaient dû retourner au pays peu
après la naissance de sa sœur cadette, leur contrat stipulant qu'ils ne
devaient pas avoir d'enfants.
"Le lendemain de ma naissance,
j'étais déjà placé en nourrice à 15 km de la ferme. Mes parents ne pouvaient
venir me voir, à vélo, que les dimanches après-midi."
Alors, Alexandre et sa sœur seront
confiés à leurs grands-parents. Ils vivront ainsi sept longues années dans leur
village d'origine, sans revoir leurs parents revenus travailler en France, à
Vernioz. Cette jeunesse chaotique l'a profondément marqué et en particulier les
retrouvailles avec ses parents. C'est les larmes dans la voix qu'il raconte :
"Quand nous sommes revenus en
France par le train, nous avons d'abord été accueillis à Lyon par la Société Protectrice
des Jeunes Filles. C'était un jeudi soir. Ma sœur était logée dans une salle
avec d'autres fillettes, et moi je passais mon temps, assis dans le couloir, en
face de la porte d'entrée. Parce que je savais que c'était par là qu'ils allaient
arriver, mes parents... Vendredi, personne ! Samedi, toujours rien !
Dimanche... Lundi… enfin, le lundi à 6h du soir… la voix de ma mère quand elle
ouvre la porte… je l'entends encore aujourd'hui… Alors là, j'ai explosé."
L'hypersensibilité d'Alexandre est sans
doute liée à ces événements traumatisants pour un enfant. Il déteste
particulièrement l'injustice. Une en particulier a marqué sa carrière
d'athlète, et il en parle encore avec une colère à peine contenue : "En
1958, après plus de 4 mois d'arrêt à cause d'une bronchite, j'ai su revenir à
mon meilleur niveau pour conquérir le titre national. Pourtant je ne faisais
pas partie du voyage aux championnats d'Europe en Suède." Apatride
jusqu'en1953, il a choisi la nationalité française à sa majorité, et on ne peut
que se féliciter d'avoir compté dans les rangs tricolores un athlète et un
homme qui a toujours défendu ses couleurs sans tricher.
Christian Barnaud
Rhodia Club Omnisports
102 route nationale 7 - B.P. 344 -
38555 SALAISE SUR SANNE CEDEX
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cet article avec des photos sur le site : ICI
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